Elle dégage de fortes odeurs d'oignon, les voisins demandent au traiteur de Nice d'arrêter la fabrication de sa pissaladière

Dans le quartier de la Libération, à Nice, un traiteur spécialisé dans les recettes locales, contraint par la copropriété du dessus, d’arrêter la fabrication de la pissaladière à cause des odeurs dégagées par les oignons.

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christine rinaudo Publié le 24/05/2024 à 07:45, mis à jour le 24/05/2024 à 07:45
Sous l’enseigne Nulle Pâte Ailleurs, Claude Smaniotto continue la fabrication des pâtes, raviolis, gnocchis, pans-bagnats, salades.... mais a cessé, pour l’instant, la production de la pissaladière. Photo Ch. R

On savait que les meuglements des vaches, le chant des coqs, le son des cloches dérangeaient certains.

Eh bien, désormais, il faudra rajouter l’odeur des oignons, qui incommode des riverains d’un traiteur de la Libération, au point de lui faire cesser la fabrication de cette spécialité niçoise confite et fondue dans le patrimoine culinaire local.

Révélée par nos confrères de France Bleu Azur, cette affaire aux petits oignons a ému (aux larmes...) pas mal de Niçois, attachés à ce plat emblématique des tablées nissardes et qui se sont mobilisés pour faire signer une pétition, dans le commerce en question (plus de 700 paraphes) ainsi qu’en ligne (près de 3.700 signatures).

"Cesser toute activité pour nuisance olfactive"

Le patron, Claude Smaniotto, hésite entre chagrin et résignation. Ce Niçois de 62 ans, ex-livreur de denrées alimentaires, responsable de l’enseigne Nulle Pâte Ailleurs, 28, avenue Malausséna, ouverte le matin jusqu’à 14 heures, animée par 5 employés, raconte: "Je suis installé ici depuis 2011. Je fabrique pâtes, raviolis, gnocchis... La pissaladière, introduite en 2015, je l’ai apprise avec ma mère et ma grand-mère. En juillet 2018, j’ai remporté la Mondialette de la pissaladière, organisée par la Cave Bocchi, tout près d’ici."

Les choses commencent à sentir le roussi en avril de l’année dernière: "J’ai reçu un courrier simple, m’indiquant que des gens, dans le quartier, se plaignaient des effluves d’oignons, que je faisais cuire le matin. En septembre, ce fut une mise en demeure provenant des propriétaires vivant au-dessus du commerce et d’un cabinet d’avocats, me demandant carrément de cesser toute activité pour nuisance olfactive!"

Assemblée générale et soupe à la grimace

Le traiteur organise sa défense, poursuit son activité, mais, compréhensif, délocalise la cuisson des oignons destinés à la pissaladière: "J’ai loué un laboratoire rue Marceau. Un huissier a constaté que la pissaladière ne se faisait plus avenue Malausséna, mais bien ailleurs."

Mieux: "Les services de l’hygiène sont venus ainsi qu’une entreprise agréée, spécialisée dans les évacuations. Ensemble, nous avons proposé un projet pour évacuer les vapeurs, mais il a été rejeté par la majorité de la copropriété lors de son assemblée générale."

Continuer la pissaladière rue Marceau?

Difficile: "Je payais trop cher la location du laboratoire et ma trésorerie a fondu."

Résultat: Claude vient de licencier économiquement son cuisinier.

Il reste dans son commerce, mais le recentre sur des préparations froides et inodores: "salades, pans-bagnats, planches de charcuterie, paniers pique-nique, etc."

Pour la pissaladière, il a décidé d’abandonner le combat.

C’était sans compter sur la presse, qui a relayé ce Clochemerle des papilles et des narines et sur les clients, bien décidés à soutenir et réhabiliter cette tradition culinaire qui fait pleurer quelques esprits chagrins.

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