Rencontre avec Bernard Campan, l'ex-Inconnu qui continue d'explorer des rôles dramatiques avec "L'Enfant qui mesurait le monde", ce mercredi en salles

Depuis une vingtaine d’années, l’acteur se plaît dans des comédies dramatiques. Dans "L’enfant qui mesurait le monde", il interprète un homme qui se découvre grand-père. Entre résilience et reconstruction, on est bien loin du trublion qui régalait le public avec Les Inconnus.

Fabrice Michelier fmichelier@nicematin.fr Publié le 26/06/2024 à 16:30, mis à jour le 26/06/2024 à 16:30
Bernard Campan. Photo Camille Dodet

C’était son destin. Depuis la fin des Inconnus, il y a une trentaine d’années, Bernard Campan a pris le parti de s’éloigner de la comédie. Dans Se souvenir des belles choses, au côté d’Isabelle Carré, il avait marqué les esprits et même décroché une nomination aux Césars.

Au quotidien, il jongle avec ses deux casquettes face au public. "Des gens me considèrent toujours comme un ex-Inconnu. Récemment, on m’a d’ailleurs demandé si je continuais ce métier! D’autres savent que j’ai une autre carrière ensuite. C’est ce que je préfère, quand on embrasse la totalité de ce que j’ai fait. Je n’aime pas non plus quand on est critique avec la période des films des Inconnus", plaide-t-il.

Ainsi, depuis une vingtaine d’années, il confirme avoir "tendance à aller vers des rôles plus dramatiques. Faire rire c’est très difficile. J’évite les projets où je ne suis pas sûr à 100% du scénario", confiait-il lors de son passage au Pathé La Valette pour présenter L’Enfant qui mesurait le monde.

Une comédie dramatique, donc, par Takis Candilis. "Le personnage de Bernard est prépondérant dans le film, puisque toute l’histoire se déroule de son point de vue", plante le réalisateur. Il poursuit en révélant comment il a fait le choix de Campan pour incarner Alexandre, son héros.

"L'Enfant qui mesurait le monde", avec Bernard Campan.

Hasard et adaptation

"Avec Bernard, nous avons le même agent, il me parlait de lui, en me disant 'je le vois beaucoup dans ce rôle'. J’ai repris la filmographie de Bernard, notamment de sa deuxième période, et ça m’a plu. On s’est rencontré et on s’est rapproché. On a parlé du personnage, des dialogues. J’avais tendance à écrire des dialogues longs, on a cherché et il m’a proposé de redonner des silences aux personnages et à interpréter des situations psychologiques par des regards ou des silences." 

L’ancien comparse de Didier Bourdon et Pascal Légitimus se retrouve donc dans la peau d’un homme pas franchement agréable et qui perd tout du jour au lendemain, son boulot mais aussi sa fille, avec qui il avait rompu les liens. Il se découvre cependant grand-père et entame sa rédemption.

"La complexité du personnage m’a plu. Il a une forme de résilience, de reconstruction. J’ai plongé de tout cœur dans l’histoire de ce personnage qui me touche. Il n’a pas compris qu’il est en train de passer à côté de sa vie", détaille Bernard Campan.

S’il s’est inspiré du roman de Metin Arditi pour le scénario, Takis Candilis a complètement redessiné le personnage d’Alexandre. "Quand on fait une adaptation, on met aussi beaucoup de ses propres sensations dans le personnage principal. Je me suis beaucoup projeté. J’ai mis des choses qui me sont propres mais sont aussi sous-jacentes dans le livre. Beaucoup de détails qui font que oui, le personnage est proche de moi, mais avant tout c’est de la fiction", complète-t-il. Il a tourné ce film en Grèce sur les terres de ses ancêtres.

"L'Enfant qui mesurait le monde", avec Bernard Campan.

Campan désormais grand-père

L’histoire repose aussi sur Raphaël Brottier. Un jeune garçon, qui joue le petit-fils de Bernard Campan. Et qui connaît d’ailleurs là son tout premier rôle devant les caméras.

"J’ai fait un casting de plus de 80 enfants. La plupart étaient de jeunes comédiens qui avaient joué dans des téléfilms, des pubs… Pour ces castings-là, on envoie une scène et les enfants viennent et la jouent. Dans la scène en question, on comprenait que l’enfant était autiste. Ils essayaient d’interpréter cela comme ils l’entendaient, mais la plupart du temps c’était trop caricatural. Ils avaient des difficultés à se positionner. Le seul qui a eu cette souplesse, ça a été Raphaël", se souvient le réalisateur.

Le gamin de dix ans a également bluffé Bernard Campan. "Il est très à l’aise et surtout très professionnel. Un tournage, c’est un monde d’adultes. Quand on a un enfant, il faut faire attention, le préserver. Dans le jeu, la difficulté n’existe que si l’enfant rencontre des difficultés lui aussi. Là, ce n’était pas le cas, il a toujours eu cette volonté de faire au mieux. Ça a été très facile."

C’est la première fois que ce dernier se glisse dans la peau d’un grand-père. À 66 ans, cela devait bien finir par arriver. "Je n’ai pas trop de problèmes avec l’âge. Même si ça ne m’enchante pas de vieillir, comme tout le monde! Le cinéma vous renvoie à votre âge, à ce que vous êtes. On peut jouer beaucoup de choses, mais à un moment on ne peut pas aller au-delà de ce qu’on est à l’intérieur. Être grand-père à l’écran, alors que je ne le suis pas à la vie, ça m’a renvoyé à mon âge, mais ça m’a fait plaisir. Je me suis dit “enfin un rôle de grand-père". Je trouve cela formidable. »

Après l’humour, les rôles plus dramatiques, une nouvelle perspective de carrière pour Bernard Campan…

Notre avis sur le film

L’histoire

Promoteur immobilier, Alexandre voit sa vie basculer en un coup de fil. Alors que sa place est menacée dans son entreprise, il apprend le décès de sa fille avec laquelle il avait coupé les ponts. Il se rend alors en Grèce où il fait connaissance de Yannis, son petit-fils. Une rencontre qui pousse l’homme à se remettre en question et à tisser des liens avec cet enfant atteint d’un syndrome autistique.

Notre avis

Plus de 40 ans après sa première réalisation, Takis Candilis revient derrière la caméra pour cette adaptation du roman de Metin Arditi. Le cinéaste nous plonge sur la petite île grecque de Kalamaki où les bateaux taxis rythment le quotidien des quelques habitants présents aussi bien que le film. À travers la relation naissante entre un grand-père et son petit-fils, le cinéaste aborde plusieurs sujets « il y a la résilience, la recherche des origines, cette relation avec cet enfant et l’autisme, mais aussi celui d’un père qui a refusé de prendre contact avec sa fille et se retrouve détruit…»
Son talent est de ne tomber ni dans le mièvre, ni dans la caricature et d’avoir mis en musique cette relation entre Bernard Campan et le jeune Raphaël Brottier, parfait dans ce premier rôle.
> De Takis Candilis (France). Avec Bernard Campan, Raphaël Brottie, Fotini Peluso. Comédie dramatique.
Durée : 1 h 44. Notre avis : ***

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